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MUS_4/MUS172
Alfred de MUSSET
POÉSIES POSTHUMES
1824-1857
Billet à Arsène Houssaye
Pour ouïr les airs antiques, 7
Dans mes délires rustiques, 7
Je vais tout droit devant moi. 7
Monts, villas, forêts, l’espace, 7
5 Tout disparaît, tout s’efface ! 7
De la terre je suis roi. 7
Voici Rueil, ce gai village 7
Sur qui plane au loin l’image 7
Du rouge et blanc cardinal, 7
10 Dans l’église j’imagine 7
Que rit encor Joséphine 7
Sous le marbre sépulcral. 7
Plus loin Malmaison, l’asile 7
Des royautés qu’on exile, 7
15 Se cache au pied du coteau. 7
Là, César, pendant ses veilles, 7
Consul, rêva les abeilles 7
De l’impérial manteau ! 7
Verts bosquets de Louveciennes, 7
20 Oh ! que de fêtes païennes 7
Sous votre ombrage embaumé, 7
Lorsque la folle comtesse 7
Guidait les chœurs de l’ivresse 7
Pour Louis le Bien-Aimé ! 7
25 Sous ces arbres que l’automne 7
Frappe d’or, mais découronne, 7
Que de baisers échangés ! 7
Combien de nobles bacchantes 7
Sur leurs gorges provocantes 7
30 Ont effeuillé d’orangers ! 7
Palais mignon et superbe ! 7
Sur le velours de cette herbe 7
Où plus d’un beau sein roula, 7
Sous ce hêtre où je m’appuie, 7
35 Sur ce perron qui s’ennuie, 7
Du Barry vous enjôla. 7
Poète au charmant sourire, 7
Vous qui prenez pour écrire 7
Les vifs crayons de Latour, 7
40 Vous qui me contez l’histoire, 7
Sans beaucoup d’art oratoire, 7
De ces jours dorés d’amour, 7
Par vous je vois apparaître, 7
Comme aux nuits du royal maître, 7
45 Bals, concerts, jeux et festins, 7
Ducs chamarrés de dentelles, 7
Grandes dames point rebelles, 7
Petits abbés libertins. 7
Chapeaux dont la plume ondoie, 7
50 Talons rouges, velours, soie, 7
Tout l’adorable tableau, 7
Le roman et le poème 7
Dont vous seriez bien vous-même 7
Le Laclos et le Watteau ! 7
55 Pour rendre à tous ces beaux arbres, 7
A ces buissons, à ces marbres, 7
Leur éclat de neige et d’or, 7
A la royale demeure, 7
Oui, vous manquez à cette heure, 7
60 — Mais à moi bien plus encor ! 7
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