Métrique en Ligne
MUS_4/MUS169
Alfred de MUSSET
POÉSIES POSTHUMES
1824-1857
A Madame Jaubert
SONNET
Qu’un sot me calomnie, il ne m’importe guère. 12
Que sous le faux semblant d’un intérêt vulgaire, 12
Ceux mêmes dont hier j’aurai serré la main, 12
Me proclament ce soir ivrogne et libertin, 12
5 Ils sont moins mes amis que le verre de vin 12
Qui pendant un quart d’heure étourdit ma misère. 12
Mais vous qui connaissez mon âme tout entière, 12
A qui je n’ai jamais rien tu, même un chagrin, 12
Est-ce à vous de me faire une telle injustice, 12
10 Et m’avez-vous si vite à tel point oublié ? 12
Ah ! ce qui n’est qu’un mal, n’en faites pas un vice. 12
Dans ce verre où je cherche à noyer mon supplice, 12
Laissez plutôt tomber quelques pleurs de pitié 12
Qu’à d’anciens souvenirs devrait votre amitié. 12
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