Métrique en Ligne
MUS_4/MUS159
Alfred de MUSSET
POÉSIES POSTHUMES
1824-1857
Confession
d’un Enfant de l’autre siècle
Le temps ne nous corrige pas 8
Nous autres, personnes sensibles, 8
En vain les muses inflexibles 8
Voilent à nos yeux leurs appas ; 8
5 Tous nous attachons à leurs pas 8
Ainsi que des enfants terribles ; 8
Les fautes ne servent de rien. 8
Pour en éviter de nouvelles, 8
Nous rimons mal, nous péchons bien. 8
10 A défaut d’amour et de belles 8
Les vers tourmentent nos cervelles 8
Toujours — et nous nous obstinons, 8
Comme en leur foi les hérétiques. 8
Mil huit cent vingt ! nous éclosions 8
15 Dans les Mélanges poétiques, 8
Livre plein de prétentions 8
Aux enivrements érotiques. 8
Puis dix ans nous nous reposions 8
Au sein des dames romantiques, 8
20 Venaient après ? — je ne sais plus, 8
Sinon que c’était du plus tendre, 8
Du cœur brisé, des sens émus, 8
Et beaucoup de vœux superflus. 8
Dix nouveaux ans encor de fièvre ! 8
25 Arthur paraît, le malheureux, 8
Déplorablement vertueux, 8
Triste réveil d’un charmant rêve ! 8
Est-ce la fin ? Hélas ! hélas ! 8
Voilà que viennent des Lilas ! 8
30 C’est l’amitié qui les fait naître, 8
Le temps d’éclore et de paraître, 8
De parfumer une fenêtre, 8
Et tout est dit de cette fois ! 8
C’en est bien fait, amis, mes maîtres ; 8
35 Dans ces lieux où je vous reçois 8
Vous ne trouverez plus de traîtres. 8
Oh ! ces vers ! sont-ils négligés, 8
Mal équipés, mal arrangés, 8
Avec des trous à leur chemise ! 8
40 Et se présenter, ainsi faits, 8
A leurs seigneurs, que de sottise ! 8
Pauvres amis, pardonnez-leur ; 8
Ils connaissent bien leur faiblesse. 8
Ils vous diront : excusez leur vieillesse, 10
45 La grande faute de l’auteur. 8
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