Métrique en Ligne
MUS_2/MUS73
Alfred de MUSSET
POÉSIES NOUVELLES
1836-1852
LE RHIN ALLEMAND
RÉPONSE A LA CHANSON DE BECKER
Nous l'avons eu, votre Rhin allemand. 10
Il a tenu dans notre verre. 8
Un couplet, qu'on s'en va chantant, 8
Efface-t-il la trace altière 8
5 Du pied de nos chevaux, marqué dans votre sang ? 12
Nous l'avons eu, votre Rhin allemand. 10
Son sein porte une plaie ouverte, 8
Du jour où Condé triomphant 8
A déchiré sa robe verte. 8
10 Où le père a passé, passera bien l'enfant. 12
Nous l'avons eu, votre Rhin allemand. 10
Que faisaient vos vertus germaines, 8
Quand notre César tout-puissant 8
De son ombre couvrait vos plaines ? 8
15 Où donc est-il tombé, ce dernier ossement ? 12
Nous l'avons eu, votre Rhin allemand. 10
Si vous oubliez votre histoire, 8
Vos jeunes filles, sûrement, 8
Ont mieux gardé notre mémoire ; 8
20 Elles nous ont versé votre petit vin blanc. 12
S'il est à vous, votre Rhin allemand, 10
Lavez-y donc votre livrée ; 8
Mais parlez-en moins fièrement. 8
Combien, au jour de la curée, 8
25 Étiez-vous de corbeaux contre l'aigle expirant ? 12
Qu'il coule en paix, votre Rhin allemand ; 10
Que vos cathédrales gothiques 8
S'y reflètent modestement ; 8
Mais craignez que vos airs bachiques 8
30 Ne réveillent les morts de leur repos sanglant. 12
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