Métrique en Ligne
MUS_2/MUS60
Alfred de MUSSET
POÉSIES NOUVELLES
1836-1852
A UNE FLEUR
Que me veux-tu, chère fleurette, 8
Aimable et charmant souvenir ? 8
Demi-morte et demi-coquette, 8
Jusqu'à moi qui te fait venir ? 8
5 Sous ce cachet, enveloppée, 8
Tu viens de faire un long chemin. 8
Qu'as-tu vu ? que t'a dit la main 8
Qui sur le buisson t'a coupée ? 8
N'es-tu qu'une herbe desséchée 8
10 Qui vient achever de mourir ? 8
Ou ton sein, prêt à refleurir, 8
Renferme-t-il une pensée ? 8
Ta fleur, hélas ! a la blancheur 8
De la désolante innocence ; 8
15 Mais de la craintive espérance 8
Ta feuille porte la couleur. 8
As-tu pour moi quelque message ? 8
Tu peux parler, je suis discret. 8
Ta verdure est-elle un secret ? 8
20 Ton parfum est-il un langage ? 8
S'il en est ainsi, parle bas, 8
Mystérieuse messagère ; 8
S'il n'en est rien, ne réponds pas ; 8
Dors sur mon cœur, fraîche et légère. 8
25 Je connais trop bien celle main 8
Pleine de grâce et de caprice, 8
Qui d'un brin de fil souple et fin 8
A noué ton pâle calice. 8
Cette main-là, petite fleur, 8
30 Ni Phidias ni Praxitèle 8
N'en auraient pu trouver la sœur 8
Qu'en prenant Vénus pour modèle. 8
Elle est blanche, elle est douce et belle, 8
Franche, dit-on, et plus encor ; 8
35 A qui saurait s'emparer d'elle 8
Elle peut ouvrir un trésor. 8
Mais elle est sage, elle est sévère ; 8
Quelque mal pourrait m'arriver. 8
Fleurette, craignons sa colère, 8
40 Ne dis rien, laisse-moi rêver. 8
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