Métrique en Ligne
MUS_2/MUS103
Alfred de MUSSET
POÉSIES NOUVELLES
1836-1852
ADIEUX A SUZON
Adieu, Suzon, ma rose blonde, 8
Qui m'as aimé pendant huit jours : 8
Les plus courts plaisirs de ce monde 8
Souvent font les meilleurs amours. 8
5 Sais-je, au moment où je le quitte, 8
Où m'entraîne mon astre errant ? 8
Je m'en vais pourtant, ma petite, 8
Bien loin, bien vite, 4
Toujours courant. 4
10 Je pars, et sur ma lèvre ardente 8
Brûle encor ton dernier baiser. 8
Entre mes bras, chère imprudente, 8
Ton beau front, vient de reposer. 8
Sens-tu mon cœur, comme il palpite ? 8
15 Le tien, comme il battait gaiement ! 8
Je m'en vais pourtant, ma petite, 8
Bien loin, bien vite, 4
Toujours l'aimant. 4
Paf ! c'est mon cheval qu'on apprête. 8
20 Enfant, que ne puis-je en chemin 8
Emporter ta mauvaise tête 8
Qui m'a tout embaumé la main ! 8
Tu souris, petite hypocrite, 8
Comme la nymphe, en l'enfuyant. 8
25 — Je m'en vais pourtant, ma petite, 8
Bien loin, bien vite, 4
Tout en riant. 4
Que de tristesse et que de charmes, 8
Tendre enfant, dans les doux adieux ! 8
30 Tout m'enivre, jusqu'à les larmes, 8
Lorsque ton cœur est dans les yeux. 8
A vivre ton regard m'invite ; 8
Il me consolerait mourant. 8
Je m'en vais pourtant, ma petite, 8
35 Bien loin, bien vite, 4
Tout en pleurant. 4
Que notre amour, si tu m'oublies, 8
Suzon, dure encore un moment ; 8
Comme un bouquet de fleurs pâlies, 8
40 Cache-le dans ton sein charmant ! 8
Adieu ; le bonheur reste au gîte ; 8
Le souvenir part avec moi : 8
Je l'emporterai, ma petite, 8
Bien loin, bien vite, 4
45 Toujours à loi. 4
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