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MUS_1/MUS26
Alfred de MUSSET
PREMIÈRES POÉSIES
1829-1835
À mon ami Édouard B.
Tu te frappais le front en lisant Lamartine, 12
Édouard, tu pâlissais comme un joueur maudit ; 12
Le frisson te prenait, et la foudre divine, 12
Tombant dans ta poitrine, 6
5 T'épouvantait toi-même en traversant ta nuit. 12
Ah ! frappe-toi le cœur, c'est là qu'est le génie. 12
C'est là qu'est la pitié, la souffrance et l'amour ; 12
C'est là qu'est le rocher du désert de la vie, 12
D'où les flots d'harmonie, 6
10 Quand Moïse viendra, jailliront quelque jour. 12
Peut-être à ton insu déjà bouillonnent-elles, 12
Ces laves du volcan, dans les pleurs de tes yeux. 12
Tu partiras bientôt avec les hirondelles, 12
Toi qui te sens des ailes 6
15 Lorsque tu vois passer un oiseau dans les cieux. 12
Ah ! tu sauras alors ce que vaut la paresse ; 12
Sur les rameaux voisins tu voudras revenir. 12
Édouard, Édouard, ton front est encor sans tristesse, 12
Ton cœur plein de jeunesse… 6
20 Ah ! ne les frappe pas, ils n'auraient qu'à s'ouvrir ! 12
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