Métrique en Ligne
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Henri MURGER
Les Nuits d'hiver
1861
À UNE ÉTRANGÈRE
Au pays regretté par Mignon tu naquis, 12
Et, pareille à Mignon, tu regrettes et pleures, 12
Sous le ciel étranger, le ciel de ton pays. 12
Rien ne peut te distraire, et tu passes les heures 12
5 À regarder mourir un arbuste apporté 12
Du sol où l'oranger fleurit toute l'année. 12
Dans le jardin d'exil avec toi transplanté, 12
Vois : son feuillage est pâle et sa fleur est fanée ; 12
Tu n'as plus de sourire, il n'a plus de parfums. 12
10 Pour que l'arbre renaisse et de nouveau fleurisse 12
Sa moisson odorante et ses beaux cheveux bruns, 12
Pour que l'ennui s'efface à son front pur qu'il plisse, 12
Il vous faut à tous deux le soleil du pays, 12
Regretté par Mignon quand aux cieux elle aspire ; 12
15 Et l'arbre aura des fleurs, et ton front le sourire 12
Qu'un peintre au nom d'archange a tant cherché jadis. 12
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