Métrique en Ligne
MUR_1/MUR26
Henri MURGER
Les Nuits d'hiver
1861
LA ROSÉE
Le sylphe matinal qui verse la rosée, 12
Trop amoureux du lîs, oublia ce matin 12
De baigner l'humble fleur demi-morte et brisée 12
Qu'une larme du ciel ranimerait soudain. 12
5 Comme fait un amant avec sa fiancée, 12
À quelque muse triste ayant donné la main, 12
Cherchant l'ombre et la paix, pied lent, tête baissée, 12
Un poëte le soir traversa le chemin. 12
Soit amour mal éteint, soit douleur mal fermée, 12
10 Il pleurait en marchant sous l'ombreuse ramée ; 12
Une larme tomba de ses yeux sur la fleur, 12
Sur la fleur demi-morte au pied du lis superbe, 12
Et qui reprit bientôt, parmi ses sœurs de l'herbe 12
Son arome champêtre et ses vives couleurs. 12
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