Métrique en Ligne
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Henri MURGER
Les Nuits d'hiver
1861
PRINTANIÈRE
L'hiver s'en va ; déjà la cloche, 8
Douce comme un chant de cristal, 8
Murmure au printemps qui s'approche 8
L' O filii du jour pascal. 8
5 Dans l'air plus doux, les girouettes 8
Tournent au souffle du midi, 8
Et pour un sou de violettes 8
On fait le bonheur de Nini. 8
L'hiver au pauvre fut rigide, 8
10 Il en a compté les longs jours, 8
En mesurant son bûcher vide 8
Quand la neige tombait toujours. 8
Sa dernière branche allumée 8
Rougit l'âtre d'un pâle éclair ; 8
15 Moitié cendre et moitié fumée, 8
Le vent la dissipe dans l'air. 8
Pèlerins des grandes mers bleues, 8
Voyez, à l'Orient vermeil, 8
Les oiseaux qui font mille lieues 8
20 Entre deux levers de soleil. 8
Cris joyeux et battements d'ailes 8
Qui mettent le ciel en gaîté, 8
C'est le retour des hirondelles, 8
Et c'est le retour de l'été. 8
25 Mais depuis la dernière année 8
Les loyers sont bien renchéris, 8
Un trou noir dans la cheminée 8
Comme un entresol a son prix. 8
Pourvu que les propriétaires 8
30 N'augmentent pas en même temps 8
Que tous leurs autres locataires 8
L'ambassadrice du printemps. 8
Avec la jeune feuille verte 8
Qui sort du bourgeon printanier 8
35 Paraît, à sa fenêtre ouverte, 8
Ma voisine de l'an dernier. 8
Pendant les mois d'hiver, frileuse, 8
Elle n'a pas quitté son nid. 8
Jadis elle eût posé pour Greuze, 8
40 Maintenant c'est pour Gavarni. 8
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