Métrique en Ligne
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Henri MURGER
Les Nuits d'hiver
1861
DÉDICACE DE LA VIE DE BOHÈME
Comme un enfant de bohème, 7
Marchant toujours au hasard, 7
Ami, je marche de même 7
Sur le grand chemin de l'art. 7
5 Et pour bâton de voyage, 7
Comme le bohémien, 7
J'ai l'espoir et le courage : 7
Sans cela je n'aurais rien. 7
Car cette route si belle 7
10 Quand je fis mes premiers pas, 7
Maintenant je la vois telle, 7
Telle qu'elle existe, hélas ! 7
Je la vois étroite et sombre, 7
Et déjà j'entends les cris 7
15 De mes compagnons dans l'ombre 7
Qui marchent les pieds meurtris. 7
J'entends leur chant de misère, 7
J'entends la plainte de mort 7
De ceux qui restent derrière ; 7
20 Et pourtant j'avance encor. 7
Et debout sur le rivage, 7
Les pieds mouillés par le flot, 7
Ami, c'est d'après l'orage 7
Que j'ai tracé mon tableau. 7
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