Métrique en Ligne
MUR_1/MUR14
Henri MURGER
Les Nuits d'hiver
1861
MA MIE ANNETTE
Réveillez-vous, ma mie Annette, 8
Et mettez vos plus beaux habits ; 8
C'est aujourd'hui grand jour de fête, 8
Le jour de fête du pays. 8
5 La Jacqueline matinale, 8
En branle dans le vieux clocher, 8
Sonne la messe patronale 8
Et nous dit de nous dépêcher. 8
Allons, ma mie, allons plus vite, 8
10 Monsieur le curé nous attend. 8
Sans nous si la messe était dite, 8
Le bon Dieu serait mécontent. 8
Réveillez-vous, ma mie Annette, 8
Et mettez vos plus beaux habits ; 8
15 C'est aujourd'hui grand jour de fête, 8
Le jour de fête du pays. 8
Chaque maison est pavoisée 8
De drapeaux flottants et de fleurs, 8
Et l'on entend par la croisée 8
20 Sortir de joyeuses clameurs : 8
Ce sont les anciens du village 8
Qui devisent, autour d'un pot, 8
Des vieux amours de leur jeune âge 8
Et de l'homme au petit chapeau. 8
25 Réveillez-vous, ma mie Annette, 8
Et mettez vos plus beaux habits ; 8
C'est aujourd'hui grand jour de fête, 8
Le jour de fête du pays. 8
Après les vêpres et complies, 8
30 Bras dessus dessous, nous irons 8
Nous promener dans les prairies 8
Et dans les bois des environs ; 8
Nous reviendrons par la Venelle, 8
Où neige la fleur des sureaux, 8
35 Dont la sauvage odeur se mêle 8
Avec l'odeur des foins nouveaux. 8
Réveillez-vous, ma mie Annette, 8
Et mettez vos plus beaux habits ; 8
C'est aujourd'hui grand jour de fête, 8
40 Le jour de fête du pays. 8
Comme une outre enflant sa musette, 8
Ce soir, le vieux ménétrier 8
Fera, pour terminer la fête, 8
Danser sous le grand marronnier. 8
45 Et, laide ou belle, blonde ou brune, 8
Qu'il soit laid ou beau, jeune ou vieux, 8
Pour la faire danser chacune 8
Saura trouver un amoureux. 8
Réveillez-vous, ma mie Annette, 8
50 Et mettez vos plus beaux habits ; 8
C'est aujourd'hui grand jour de fête, 8
Le jour de fête du pays. 8
Hélas ! Mon dieu, je me rappelle 8
Que l'an dernier, à la moisson, 8
55 Celle qu'en vain ma voix appelle 8
Chanta sa dernière chanson. 8
De sa maison quand je l'ai vue 8
Pour la dernière fois sortir, 8
Elle était d'un drap blanc vêtue 8
60 Et ne devait pas revenir ; 8
Car ma pauvre petite amie, 8
Sur un froid et dur oreiller, 8
Depuis longtemps est endormie 8
Et ne peut pas se réveiller. 8
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