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MOR_5/MOR154
Jean MORÉAS
LES STANCES
1899
LE TROISIÈME LIVRE DES STANCES
I
Été, tous les plaisirs que ta saison m’apporte 12
Comme ceux du printemps ont perdu leur attrait. 12
Adieu, le tendre automne ! À présent, qu’à ma porte 12
Vienne heurter l’hiver, j’ouvrirai sans regret. 12
5 Dans l’antique forêt, le vent et la cognée 12
Sèment de l’arbre fort les rameaux à ses pieds, 12
Et parmi les humains la juste destinée 12
Abat à chaque coup gloire, amour, amitiés. 12
Moins doucement la feuille à la brise soupire, 12
10 Que la branche frappée en tombant ne se plaint, 12
Et lorsque le malheur s’exhale de la lyre, 12
Tout autre chant n’est plus qu’un écho qui s’éteint. 12
Vie exécrable, ô jours que corrompt l’amertume, 12
Je vous surmonte encor, mais mon cœur est brisé ; 12
15 Et s’il a plus d’éclat, peut-être, il se consume 12
Ce feu sombre et divin qui m’avait embrasé. 12
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