Métrique en Ligne
MND_3/MND33
Louis MÉNARD
Autres poèmes
1895
Double Rêve
J'ai cru qu'on m'enfermait au couvent : c'est un rêve ! 12
Je suis morte, il est mort aussi : je bénis Dieu ! 12
Là-bas, sur sa tombe une ombre se lève : 10
Viens, mon bien-aimé, viens me dire adieu. 10
5 — J'ai cru qu'on m'enchaînait dans la tour, sur la pierre, 12
Seul, loin d'elle et du jour ; mais non, ce cachot noir, 12
C'était mon tombeau dans le cimetière. 10
Que Dieu soit béni, je vais la revoir ! 10
— C'est toi ! Je savais bien que tu m'aurais suivie, 12
10 Tu me l'avais promis. Cette félicité 12
Q'on nous refusait pendant notre vie, 10
La mort nous la rend pour l'éternité. 10
— Je rêvais de prison, et toi de monastère : 12
Un baiser ! oublions et mon rêve et le tien. 12
15 Dieu, qui sépara nos cœurs sur la terre, 10
Les unit au ciel : je le savais bien ! 10
— Écoute ! un son de cloche a retenti : c'est l'heure 12
Du dernier jugement pour tous les trépassés ; 12
Faut-il nous quitter si tôt ? — Non, demeure : 10
20 Qu'importe le ciel ? restons embrassés ! 10
La cloche du matin sonne pour la prière ; 12
A travers les barreaux glisse un rayon du jour, 12
Tous deux à lajois ouvrent leur paupière, 10
Elle en sa cellule, et lui dans la tour. 10
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