Métrique en Ligne
MLV_1/MLV6
Charles MILLEVOYE
POÉSIES
1801-1814
ÉLÉGIES
LIVRE PREMIER
LA DEMEURE ABANDONNÉE
Elle est partie ! hélas ! peut-être sans retour ! 12
Elle est partie ; et mon amour 8
Redemande en vain sa présence. 8
Lieux qu'elle embellissait, j'irai du moins vous voir ! 12
5 A sa place j'irai m'asseoir, 8
Et lui parler en son absence. 8
De sa demeure alors je reprends le chemin ; 12
La clef mystérieuse a tourné sous ma main. 12
J'ouvre… elle n'est plus là : je m'arrête, j'écoute… 12
10 Tout est paisible sous la voûte 8
De ce séjour abandonné. 8
De tout ce qu'elle aimait je reste environné. 12
L'aiguille qui du temps, dans ses douze demeures,- 12
Ne marque plus les pas, ne fixe plus le cours, 12
15 Laisse en silence fuir ces heures 8
Qu'il faut retrancher de mes jours. 8
Plus loin, dans l'angle obscur, une harpe isolée, 12
Désormais muette et voilée, 8
Dort, et ne redit plus le doux chant des amours. 12
20 Sous ces rideaux légers, les songes, autour d'elle 12
Balançant leur vol incertain, 8
Des souvenirs du soir charmaient, jusqu'au matin, 12
Le paisible sommeil qui la rendait plus belle, 12
Sur ce divan étoile d'or, 8
25 Qu'inventa l'opulente Asie, 8
De ses cheveux je crois encore 8
Respirer la pure ambroisie. 8
Je revois le flambeau qui prés d'elle veillait, 12
A l'instant où sa main chérie 8
30 Traça dans un dernier billet 8
Ces mots : « C'est pour toute la vie… » 8
Mots charmants ! Oh ! déjà seriez-vous effacés ? 12
Ne resterait-il plus à mon âme flétrie 12
Qu'un regret douloureux de mes plaisirs passés ? 12
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