Métrique en Ligne
MLV_1/MLV38
Charles MILLEVOYE
POÉSIES
1801-1814
POËMES
A MONSIEUR D***
MON GUIDE ET MON AMI
Philosophe modeste, ami sincère et tendre, 12
Qui méritez la gloire et n'osez y prétendre, 12
Ariste, recevez ce fruit de mes loisirs. 12
De l'étude, par vous, j'ai goûté les plaisirs : 12
5 C'est vous qui le premier, par des avis sévères, 12
Daignâtes corriger mes rimes trop légères ; 12
Qui le premier du goût m'enseignâtes les lois, 12
Et de l'expression la noblesse et le choix. 12
Vos leçons m'ont formé : mes vers sont votre ouvrage ; 12
10 Vous ne pouvez, Ariste, en dédaigner l'hommage. 12
Jamais dans mes tableaux l'obscène nudité 12
Ne vient effaroucher la pudique beauté ; 12
Jamais surtout mon vers, qu'aucun fiel n'envenime, 12
N'immole un honnête homme au besoin d'une rime. 12
15 Je hais le satirique et son rire moqueur ; 12
Il brille par l'esprit, mais aux dépens du cœur. 12
Oh ! si le dieu des vers, protégeant ma jeunesse, 12
Et me guidant lui-même aux rives du Permesse, 12
Daigne un jour à tries vœux accorder ses présents, 12
20 J'ornerai votre front de mes lauriers naissants. 12
Mais si la noire envie, à nuire toujours prête, 12
S'agite et ait siffler ses serpents sur ma tête, 12
Si Zoïle affamé déchire mes écrits, 12
Cherchant, pour l'oublier, vos entretiens chéris, 12
25 Au sein de l'amitié touchant en paix ma lyre, 12
Je me consolerai des traits de la satire. 12
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