CHANTS ÉLÉGIAQUES |
LA SULAMITE |
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« O vierges de Sion ! ô mes douces compagnes ! |
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Ne l'avez-vous pas vu descendre des montagnes, |
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Brillant comme un rayon de l'astre du matin ? |
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Dites-moi sur quel bord, vers quel sommet lointain |
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Ses chameaux vont paissant une herbe parfumée ? |
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Sont-ils sous les palmiers de la verte Idumée, |
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Ou sous le frais abri des rochers de Sanir ? |
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Mais, hélas ! si longtemps qui peut le retenir ? |
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Délices de mes jours ! loin de toi mon image |
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A-t-elle fui, pareille au mobile nuage ? |
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Ai-je cessé déjà d'être belle à tes yeux ? |
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Oh ! reviens : j'ai cueilli des fruits délicieux ; |
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Tout est pour toi. Reviens ; que ton bras me soutienne ; |
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Que ma main tendrement frémisse dans la tienne. |
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Versez des fleurs : je veux jusques à son retour |
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Reposer sur des fleurs, car je languis d'amour. |
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Non, non, n'espérez pas que longtemps je sommeille ; |
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Pour moi plus de repos : je dors, et mon cœur veille. |
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Mon œil appesanti, lentement soulevé, |
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A cherché mon amant et ne l'a point trouvé. » |
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Elle dit, et s'endort. Vers la plaine odorante, |
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Non moins prompt que le daim cherchant la biche errante, |
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Voilà que, l'œil ardent, accourt le bien-aimé ! |
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Son sourire est céleste et son souffle embaumé. |
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LE BIEN-AIMÉ |
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« Jeunes vierges ! au nom de la biche légère, |
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Laissez-la reposer sur la molle fougère. |
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Ne la réveillez pas ! sans doute en ce moment |
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Un songe heureux lui peint le retour de l'amant : |
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Son front rougit, son sein palpite… elle s'éveille. |
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Épouse de mon cœur ! de ta bouche vermeille |
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Ma bouche a quelque temps respiré la fraîcheur : |
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Que ton haleine est douce, épouse de mon cœur ! |
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Au voyageur, errant depuis l'aube naissante, |
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Moins douce est d'Engaddi la grappe jaunissante. |
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Ton corps souple est rival du jeune et beau palmier ; |
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Tes yeux voluptueux sont les yeux du ramier, |
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Et l'émail de tes dents est plus blanc que la laine |
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De l'agneau qu'a baigné la limpide fontaine. » |
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LA SULAMITE |
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« O plaisir ineffable ! ô pur ravissement ! |
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Que la voix de l'époux retentit doucement ! |
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Que sa parole aimable a d'empire et de charmes ! |
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Arrêtez-vous, mes pleurs ! Fuyez, sombres alarmes ! |
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Fuyez, épargnez-moi, souffle des aquilons ! |
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Je suis la fleur des champs et le lis des vallons. » |
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LE BIEN-AIMÉ |
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« Des autans orageux ne crains plus la furie, |
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Mon amante, ma sœur, ma colombe chérie ! |
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Tés regards et ta voix enivrent ton époux ; |
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Car ta voix est sonore et tes regards sont doux. » |
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LA SULAMITE |
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« Mon amant est pour moi l'ormeau de la colline.» |
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LE BIEN-AIMÉ |
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« Mon amante a l'éclat de la cité divine. |
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Comme un cèdre au-dessus de l'aride buisson, |
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Tu brilles au milieu des filles de Sion. » |
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LA SULAMITE |
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« Comme l'humble arbrisseau rentre dans la bruyère |
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Quand le pin .jusqu'aux cieux lève sa tète altière, |
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Les enfants d'Israël s'abaissent devant toi. |
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Tes rameaux caressants se sont penchés vers moi ; |
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J'ai dormi sous ton ombre, et ma lèvre amoureuse |
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A goûté de tes fruits la fraîcheur savoureuse. |
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Revenez, chants d'amour ! mes lugubres concerts |
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N'iront plus désormais attrister nos déserts. |
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O vierges de Sion ! ô mes douces compagnes ! |
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J'ai vu le bien-aimé descendre des montagnes. » |
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