Métrique en Ligne
MLV_1/MLV17
Charles MILLEVOYE
POÉSIES
1801-1814
ÉLÉGIES
LIVRE PREMIER
LA SOIRÉE
J'entends la cloche de la nuit 8
Qui vers la cité nous rappelle ; 8
Le char léger qui nous conduit 8
Fend les airs : la route s'enfuit, 8
5 Le plaisir s'enfuit avec elle. 8
Des simples charmes du vallon 8
Aux pompeux ennuis du salon 8
Il faut passer, ma bien-aimée ! 8
Pour nous vingt flambeaux éclatants 8
10 Vont remplacer dans peu d'instants 8
Le demi-jour de la ramée. 8
Nous allons, pour de froids discours, 8
Graves à la fois et frivoles, 8
Quitter ces entretiens si courts 8
15 Et qui renfermeront toujours 8
Plus de baisers que de paroles. 8
Mais, en dépit de tes atours, 8
Mon souvenir tendre et fidèle 8
Te reverra cent fois plus belle 8
20 Dans la parure des amours. 8
A cet odorant diadème, 8
Qui du front de celle que j'aime 8
Égale à peine la fraîcheur, 8
Je reconnaîtrai l'humble fleur 8
25 Dont j'ornai sa tête chérie 8
Avant de quitter la prairie 8
Qui fut témoin de mon bonheur. 8
Pardonne ; mais sur ton visage 8
Je chercherai le doux ravage, 8
30 Trace de nos plaisirs secrets ; 8
Et mon œil, qui sur tant d'attraits 8
Avec volupté se repose, 8
Voudra démêler dans tes traits 8
Une aimable métamorphose : 8
35 Car aux yeux ravis d'un amant 8
Le lis peut effacer la rose ; 8
Le coloris le plus charmant 8
Est la pâleur dont il est cause. 8
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