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MLV_1/MLV10
Charles MILLEVOYE
POÉSIES
1801-1814
ÉLÉGIES
LIVRE PREMIER
LA FLEUR
Fleur charmante et solitaire 7
Qui fus l'orgueil du vallon, 7
Tes débris jonchent la terre 7
Dispersés par l'aquilon. 7
5 La même faux nous moissonne ; 7
Nous cédons au même dieu ; 7
Une feuille t'abandonne, 7
Un plaisir nous dit adieu. 7
Hier, la bergère encore, 7
10 Te voyant sur son chemin, 7
Disait : « Fille de l'Aurore, 7
Tu m'embelliras demain. » 7
Mais sur ta tige légère 7
Tu t'abaissas lentement ; 7
15 Et l'ami de la bergère 7
Vint te chercher vainement. 7
Il s'en retourne et soupire : 7
« Console-toi, beau pasteur ! 7
Ton amante encor respire, 7
20 Tu n'as perdu que la fleur. 7
« Hélas ! et ma jeune amie 7
Ainsi que l'ombre a passé ; 7
Et le bonheur de ma vie 7
N'est plus qu'un rêve effacé. 7
25 » Elle était aimable et belle, 7
Son pur éclat s'est flétri, 7
Et trois fois l'herbe nouvelle 7
Sur sa tombe a refleuri. » 7
A ces mots sous la ramée 7
30 Je suis ma route, et j'entends 7
La voix de ma bien-aimée 7
Me redire : « Je t'attends. » 7
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