FRAGMENTS ET ÉBAUCHES DE POÉSIES |
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Les navires épris du large et du soleil |
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Cinglent là-bas vers les îles surnaturelles ; |
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Leurs rostres d’or, comme des becs de tourterelles, |
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Déjà mordent gaîment dans l’horizon vermeil. |
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Les jeunes passagers en simarres de soie |
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Faisaient chanter la flûte et les doux violons ; |
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Des femmes dénouaient vers l’eau leurs cheveux blonds |
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Pour mirer dans la mer la splendeur de leur joie. |
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Et leurs chapeaux de fleurs emportés par les vents |
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S’effeuillèrent parmi l’écume du sillage. |
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D’autres ont très longtemps vers notre triste plage |
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Envoyé des baisers railleurs et décevants. |
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Et des couples d’amants charmés et d’amoureuses |
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Nous faisaient en fuyant des signes de la main, |
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Et des bannières pavoisaient tout le chemin |
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Jusqu’au port d’où sortaient les galères heureuses. |
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Mais nous, silencieux dans le jardin dormant, |
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Loin de la mer, parmi les pâles fleurs blessées, |
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Nous écoutions chanter nos mauvaises pensées, |
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Et nous avons pleuré mystérieusement. |
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Car la grille de fer qui garde nos parterres |
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Ne tournera jamais sur ses gonds enchantés. |
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Nous resterons, même en nos soirs de voluptés, |
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Les paisibles captifs et les doux solitaires. |
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Le grand air du lointain, l’air imprégné de sel |
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Jamais, — ô calme sœur ! — n’emplira nos poitrines. |
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Quand nous voulons crier vers ces fêtes marines, |
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Une brise divine égare notre appel. |
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