Métrique en Ligne
MIK_1/MIK33
Éphraïm MIKHAËL
Œuvres
1884-1890
POÉSIE
À Celle Qui Aima Le Cloître
Tu parlais du jardin où les roses claustrales 12
Pour les bouquets d’autel fleurissaient doucement, 12
Des nonnes dans l’enclos lumineux et dormant 12
Cueillant des fruits au son des cloches vespérales ; 12
5 Et moi je te voyais en un calme couvent 12
T’asseoir, rigide et blanche, aux stalles des chapelles 12
Et lever vers le ciel tes mains froides et belles 12
Et fermer ta fenêtre au printemps décevant. 12
Je te vois puérile et chaste, et je devine 12
10 A ton sourire tes extases d’autrefois. 12
Les cantiques anciens résonnent dans ta voix, 12
Tu gardes dans tes yeux un peu d’ombre divine. 12
N’est-ce pas que là-bas, en de mystiques soirs, 12
Comme moi tu songeas à des choses célestes ? 12
15 Pour toujours maintenant, ô sombre sœur, tu restes 12
Celle qui mit des lys aux arcs des reposoirs. 12
Et peut-être souvent ta tête appesantie 12
S’endort sur mon épaule en regrettant le ciel, 12
Et mes lèvres d’amant n’ont pas assez de miel 12
20 Pour vaincre la saveur de la première hostie. 12
Tous les deux, nous avons trop longtemps contemplé 12
Les nuages en fuite et les roses du cloître, 12
Notre puissant amour pourra durer et croître, 12
Notre cœur restera divinement troublé. 12
25 Peut-être expions-nous l’ivresse merveilleuse 12
D’avoir rêvé jadis à des pays meilleurs ? 12
Nous sommes les amants tristes parmi les fleurs 12
Et même le bonheur ne te fait pas joyeuse. 12
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