Métrique en Ligne
MIK_1/MIK2
Éphraïm MIKHAËL
Œuvres
1884-1890
POÉSIE
Dimanches Parisiens
Sous le ciel gris lavé d’opale 8
Et qu’un soleil aux rayons lents 8
Poudre d’or vaporeux et pâle, 8
Elles vont à pas nonchalants ; 8
5 Roses de froid sous les voilettes 8
Elles passent, laissant dans l’air 8
Une senteur de violettes 8
Mourantes, et de blonde chair. 8
Elles ne vont ni vers l’église 8
10 Où, sur les mystiques autels, 8
L’encens qui monte symbolise 8
L’élan des esprits immortels ; 8
Ni vers les discrètes alcôves 8
Où le mousseux déroulement 8
15 Des rideaux jusqu’aux tapis fauves 8
Ruisselle langoureusement. 8
Sur les promenades banales 8
Elles vont montrer leurs velours 8
Et les richesses hivernales 8
20 Des manteaux orgueilleux et lourds. 8
Elles passent, frêles poupées 8
Aux yeux cruellement sereins, 8
Adorablement occupées 8
A bien cambrer leurs souples reins, 8
25 A faire entrevoir leur chair d’ambre 8
Et leurs cheveux d’or blond ou roux, 8
Et, sur le verglas de Décembre, 8
Leur robe a de royaux froufrous. 8
Mais le long dimanche, plus triste 8
30 Que les plus monotones nuits, 8
Dans leurs yeux de froide améthyste 8
A mis la fièvre des ennuis. 8
*
**
Ô Promeneuses des jours blêmes 8
D’hiver et des dimanches longs, 8
35 Nous, les chiffonneurs de poèmes, 8
Mignonnes, nous vous ressemblons, 8
Et, sans Amour et sans Prières, 8
Nous allons montrer, indolents, 8
Notre manteau de Rimes fières 8
40 Qui fait des froufrous insolents. 8
Mais un Ennui vague ensommeille 8
Notre marche lente à travers 8
Une vie égale, et pareille 8
Aux dimanches gris des hivers. 8
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