Métrique en Ligne
MIK_1/MIK14
Éphraïm MIKHAËL
Œuvres
1884-1890
POÉSIE
L’Hiérodoule
À Paul Roux.
Dans le triomphe bleu d’un soir oriental 12
Elle s’accoude avec une lente souplesse 12
Au rebord lumineux de la terrasse, et laisse 12
Ses cheveux étaler leur deuil sacerdotal. 12
5 La ville sainte aux toits baignés de lueurs blanches 12
Est pleine de rumeurs d’épouvante, et là-bas, 12
Dans le Bois pollué par le sang des combats, 12
Des feux semblent des yeux cruels entre les branches. 12
Les hommes durs venus de pays innommés 12
10 Fouleront ce matin le sol du sanctuaire ; 12
Près des murs, attendant l’aurore mortuaire, 12
Veillent, silencieux, des cavaliers armés. 12
Et vers le ciel pareil aux cuirasses brunies 12
Que hérissent des clous brillants, leur rude main 12
15 Lève de longs buccins d’or qui seront demain 12
Les annonciateurs sacrés des agonies. 12
Des femmes, leurs seins nus caressés de clartés, 12
Dans de grands parcs plantés d’hiératiques chênes 12
S’attardent à rêver des souillures prochaines 12
20 Et s’apprêtent pour les mauvaises voluptés. 12
Mais, dédaignant le songe humain des vils désastres, 12
L’hiérodoule au cœur d’éternel diamant 12
Dans la suprême nuit regarde éperdument 12
L’hiver du ciel blanchi par le givre des astres. 12
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