Métrique en Ligne
MER_1/MER9
Stuart MERRILL
Petits Poèmes d'Automne
1895
AMOUR D'AUTOMNE
IX
Une nuit, sous ta terrible lune 9
Qui saignait parmi les brumes roses, 9
Tu parlais, ô sœur, de tristes choses 9
Comme une enfant prise de rancune. 9
5 Au loin les appels des mauvais hommes 9
Nous montaient des vergers de la plaine 9
Où les arbres tordus par ta haine 9
Tendaient, fruits du mal amour, leurs pommes. 9
Tu n’entendis pas le bruit des roues 9
10 Rapportant vers les petits villages 9
La récolte des moissonneurs sages 9
Qui peinent le temps où tu te joues. 9
Tu cueillais les pavots de la route 9
Pour en festonner, plein tes mains molles, 9
15 Notre maison où l'on voit les folles 9
Mendier, sœurs du deuil et du doute. 9
Comme devant une étrange auberge 9
Tu fis, vocatrice de désastres, 9
Le signe qui flétrit les bons astres 9
20 Dans le jardin d’azur de la Vierge. 9
Puis effeuillant au seuil de la porte 9
Les fleurs de l’ombre l’une après l’une, 9
Tu chantas quelque chose à la Lune, 9
Quelque chose dont mon âme est morte. 9
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