Métrique en Ligne
MER_1/MER8
Stuart MERRILL
Petits Poèmes d'Automne
1895
AMOUR D'AUTOMNE
VIII
Ce fut en un soir où les chansons 9
Des amants liés par leurs mains lasses 9
Mouraient, ô Dame pâle qui passes, 9
Au clair de la lune des moissons. 9
5 Long penchée au bord des lourds calices 9
Des lys, fleurs des reines et des rois, 9
Tu faisais le signe de la croix 9
Comme une qui renonce aux délices. 9
Chevelure éparse au vent léger, 9
10 Tu paraissais ceinte de lumière 9
Coutre l’ombre de la nuit première 9
Et les feuilles du prochain verger. 9
L’eau tintait tristement dans les vasques 9
Qu’enguirlandaient des danses d’amours 9
15 Et de satyres faisant des tours 9
Au rire à jamais muet des masques. 9
La puisant dans tes chétives mains, 9
Cette eau par laquelle tu fus sainte, 9
Tu baptisas les fleurs de l’enceinte, 9
20 Où dormait l’âme des lendemains. 9
Fus-tu le Remords ou la Mémoire, 9
O Passante aux yeux pleins de passé ? 9
Maintenant l’eau stagne en le fossé 9
Et les lys sont morts avec la gloire. 9
25 De ce soir où les lentes chansons 9
Des amants liés par leurs mains lasses 9
Mouraient, ô Dame pâle qui passes, 9
Au clair de la lune des moissons. 9
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