Métrique en Ligne
MER_1/MER6
Stuart MERRILL
Petits Poèmes d'Automne
1895
AMOUR D'AUTOMNE
VI
— Viens, très douce, rêver aux heure. 8
Où nous effeuillâmes les lys 8
Au clair de la lune. Tu pleures ? 8
— Je fus la fille du roi d'Ys, 8
5 Mon amant, et je sais à peine 8
Ce que nous nous dîmes, jadis. 8
— N’es-tu pas la petite reine 8
Qui s’en venait, chantant tout bas, 8
Mirer ses yeux en la fontaine ? 8
10 — Si légers devaient choir mes pas 8
Sur le givre des nuits d’automne, 8
Que tu ne les entendis pas. 8
— Hélas ! mais sa voix monotone 8
Était la tienne, et ses chers yeux 8
15 Avaient ton regard qui s’étonne. 8
— Dupe ! Par une loi des dieux 8
La cité n’est plus sur la dune, 8
Et je vais vers de nouveaux cieux. 8
— Pourtant je sais que j’aimais une 8
20 Qui parlait ainsi de malheurs 8
En lançant des lys à la lune. 8
— O toi qui te souviens, ces pleurs 8
Sont le signe en effet de celle 8
Qui survit à la mort des fleurs. 8
25 — Je savais bien que tu fus elle, 8
Avec ta peur des lendemains, 8
Cet air mortel qui m’ensorcelle, 8
Et tes gestes las de tes mains ! 8
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