Métrique en Ligne
MER_1/MER23
Stuart MERRILL
Petits Poèmes d'Automne
1895
ÂME D’AUTOMNE
III
Je suis né dans une ville d’or 9
Dont au crépuscule tours et dômes 9
Reflètent leur irréel décor 9
Dans des mers qui baignent de royaumes. 9
5 Il y passe, sous des étendards, 9
Des rois fous d’avoir suivi la lune 9
Jusqu’à la pâle île des brouillards. 9
Et du port l'on voit, l'une après l’une, 9
Fuir, ouvrant la voile au vent lointain, 9
10 Des galères d’or aux hautes poupes 9
Où des reines lourdes de butin 9
Boivent le sang du soir dans des coupes. 9
La ville est maudite de Celui 9
Dont le temple est désert sur la place 9
15 Depuis que ses prêtres blancs ont fui 9
Sous les pierres de la populace. 9
Et des monts où les gardiens des tours 9
Hérissent leurs armes vers les astres. 9
Un soudain tonnerre de tambours 9
20 Tombe, tremblant aux futurs désastres 9
Qui feront hurler d’horreur les rois 9
Blottis comme des gueux sous les porches. 9
Et siffler le feu jusqu'aux beffrois 9
Sonnant l’heure des porteurs de torches. 9
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