Métrique en Ligne
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Catulle MENDÈS
Contes Épiques
1872-1876
La Dernière Abeille
Vents, pluie, éclairs faisaient rage de telle sorte 12
Qu'on n'avait jamais vu de tempête aussi forte. 12
Sous l'épaisseur des bois par la bise ployés, 12
Dans les nids, les petits oiseaux mouraient noyés, 12
5 Et l'ouragan broyait toutes les créatures 12
Qui n'ont point pour abri de solides toitures : 12
L'abeille dans la fleur brisée, et le grillon 12
Transi sous le léger brin d'herbe du sillon. 12
Or, Maria, qu'on nomme autrement Myrième, 12
10 Vit, ce soir, un point d'or frôler la vitre blême. 12
Et c'était une abeille, hélas ! près de mourir, 12
Qui heurtait, espérant que l'on viendrait ouvrir. 12
La Mère du Sauveur entr'ouvrit la fenêtre. 12
Elle prit dans ses doigts le pauvre petit être. 12
15 Reconnut que c'était la reine d'un essaim, 12
L'essuya d'un baiser et la mit dans son sein 12
Pour qu'elle y réchauffât ses deux ailes vermeilles 12
Sans cela, les étés n'auraient plus eu d'abeilles. 12
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