Métrique en Ligne
MAU_1/MAU10
Guy de MAUPASSANT
DES VERS
1868-1880
L’OISELEUR
L’oiseleur Amour se promène 8
Lorsque les coteaux sont fleuris, 8
Fouillant les buissons et la plaine ; 8
Et chaque soir sa cage est pleine 8
5 Des petits oiseaux qu’il a pris. 8
Aussitôt que la nuit s’efface 8
Il vient, tend avec soin son fil, 8
Jette la glu de place en place, 8
Puis sème, pour cacher la trace, 8
10 Quelques brins d’avoine ou de mil. 8
Il s’embusque au coin d’une haie, 8
Se couche aux berges des ruisseaux, 8
Glisse en rampant sous la futaie, 8
De crainte que son pied n’effraie 8
15 Les rapides petits oiseaux. 8
Sous le muguet et la pervenche 8
L’enfant rusé cache ses rets, 8
Ou bien sous l’aubépine blanche 8
Où tombent, comme une avalanche, 8
20 Linots, pinsons, chardonnerets. 8
Parfois d’une souple baguette 8
D’osier vert ou de romarin 8
Il fait un piège, et puis il guette 8
Les petits oiseaux en goguette 8
25 Qui viennent becqueter son grain. 8
Étourdi, joyeux et rapide, 8
Bientôt approche un oiselet : 8
Il regarde d’un air candide, 8
S’enhardit, goûte au grain perfide, 8
30 Et se prend la patte au filet. 8
Et l’oiseleur Amour l’emmène 8
Loin des coteaux frais et fleuris, 8
Loin des buissons et de la plaine, 8
Et chaque soir sa cage est pleine 8
35 Des petits oiseaux qu’il a pris. 8
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