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Stéphane MALLARMÉ
POÉSIES
(édition DEMAN)
1887
PROSE
(Pour des Esseintes)
Hyperbole ! de ma mémoire 8
Triomphalement ne sais-tu 8
Te lever, aujourd'hui grimoire 8
Dans un livre de fer vêtu : 8
5 Car j'installe, par la science, 8
L'hymne des cœurs spirituels 8
En l'œuvre de ma patience, 8
Atlas, herbiers et rituels. 8
Nous promenions notre visage 8
10 (Nous fûmes deux, je le maintiens) 8
Sur maints charmes de paysage, 8
Ô sœur, y comparant les tiens. 8
L'ère d'autorité se trouble 8
Lorsque, sans nul motif, on dit 8
15 De ce midi que notre double 8
Inconscience approfondit 8
Que, sol des cent iris, son site 8
Il savent s'il a bien été, 8
Ne porte pas de nom que cite 8
20 L'or de la trompette d'Été. 8
Oui, dans une île que l'air charge 8
De vue et non de visions 8
Toute fleur s'étalait plus large 8
Sans que nous en devisions. 8
25 Telles, immenses, que chacune 8
Ordinairement se para 8
D'un lucide contour, lacune, 8
Qui des jardins la sépara. 8
Gloire du long désir, Idées 8
30 Tout en moi s'exaltait de voir 8
La famille des iridées 8
Surgir à ce nouveau devoir. 8
Mais cette sœur sensée et tendre 8
Ne porta son regard plus loin 8
35 Que sourire, et comme à l'entendre 8
J'occupe mon antique soin. 8
Oh ! sache l'Esprit de litige, 8
À cette heure où nous nous taisons, 8
Que de lis multiples la tige 8
40 Grandissait trop pour nos raisons 8
Et non comme pleure la rive 8
Quand son jeu monotone ment 8
À vouloir que l'ampleur arrive 8
Parmi mon jeune étonnement 8
45 D'ouïr tout le ciel et la carte 8
Sans fin attestés sur mes pas 8
Par le flot même qui s'écarte, 8
Que ce pays n'exista pas. 8
L'enfant abdique son extase 8
50 Et docte déjà par chemins 8
Elle dit le mot : Anastase ! 8
Né pour d'éternels parchemins, 8
Avant qu'un sépulcre ne rie 8
Sous aucun climat, son aïeul, 8
55 De porter ce nom : Pulchérie ! 8
Caché par le trop grand glaïeul. 8
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