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MAC_2/MAC36

Maurice MAC-NAB

Poèmes incongrus

1891

COQUIN D’POPULO !

PLAINTES D’UN CONSEILLER MUNICIPAL
APRÈS LE BAL DE L’HÔTEL DE VILLE

	Vraiment de donner des fêtes	7
	Nous somm’ dégoûtés.	5
	Qu’est-c’qui s’est payé nos têtes ?	7
	C’est nos invités !	5
5	Ils ont trouvé Joffrin bête	7
	Et Chabert pas beau.	5
	Ils ont blagué not’ binette.	7
	Coquin d’populo !	5

	D’abord, j’aperçois Lisbonne	7
10	Rev’nu d’l’île des Pins,	5
	Qui r’connaissait plus personne	7
	Parmi ses copains.	5
	Il avait un’ queu’ d’morue	7
	Comme un aristo,	5
15	On l’acclamait dans la rue…	7
	Coquin d’populo !	5

	Ensuite, à la ritournelle	7
	D’la premier’ polka,	5
	On voit arriver Poubelle :	7
20	Qu’est-c’ qu’il vient faire là ?	5
	Au lieu d’le mettre à la porte	7
	Comm’ c’était son lot,	5
	V’là la foule qui l’escorte…	7
	Coquin d’populo !	5

25	Pendant un’ valse charmante	7
	Faisant un p’tit r’pos,	5
	À ma danseus’ je présente	7
	L’assiette aux gâteaux.	5
	« Merci, j’ador’ la brioche	7
30	Mais j’en ai bien d’trop,	5
	J’vas mett’ tout ça dans ma poche !	7
	Coquin d’populo !	5

	Moi qui ne r’çois, je l’confesse,	7
	Que du mond’ très bien,	5
35	J’m’étonn’ de voir un’ jeunesse	7
	Coiffée à la chien…	5
	La voilà qui lèv’ sa quille	7
	De plus en plus haut…	5
	Y avait là tout’ sa famille :	7
40	Coquin d’populo !	5

	Les enfants d’la République	7
	À qui l’on apprend	5
	Qu’la plus belle vertu civique,	7
	C’est d’êt’ tempérant,	5
45	Ils ont râflé nos sandwiches	7
	Et bu tout l’sirop,	5
	En disant qu’ c’était pas riche…	7
	Coquin d’populo !	5

	Ils sont partis, la bouche pleine,	7
50	En cassant nos fleurs,	5
	Et sur not’ beau parquet d’chêne	7
	Laissant des horreurs.	5
	Enfin, pir’ qu’un lundi d’paye !	7
	C’est pas rigolo	5
55	D’fair’ danser un’cliq’ pareille :	7
	Coquin d’populo !	5