Métrique en Ligne
LSR_1/LSR93
Daniel LESUEUR
(Jeanne LOISEAU)
POÉSIES
1986
PAROLES D'AMOUR
COUP D'ŒIL EN ARRIÈRE
Minuit !… Tout bruit meurt dans la rue. 8
Je lisais de doux vers. ‒ Voici 8
Que souriante et douce aussi 8
Votre image m'est apparue. 8
5 Le livre a glissé de mes doigts. 8
Sur l'oreiller peuplé de songes, 8
Avant de subir leurs mensonges, 8
Il est bon de penser, parfois. 8
Quel silence sur toute chose ! 8
10 Ma chambre, en son intimité, 8
Se recueille sous la clarté 8
De ma lampe au fin globe rose. 8
Je vous aime depuis quatre ans. 8
Quatre ans !… Ils ont passé bien vite. 8
15 Les ai-je trouvés, dans leur fuite, 8
Tristes ?… joyeux ?… indifférents ? 8
Ils n'ont point été sans nuage : 8
Vous m'avez parfois fait pleurer. 8
Quelle adresse à se torturer 8
20 Peut montrer l'amant le plus sage ! 8
Vous vous mêliez d'être jaloux ; 8
Je me fâchais de vos boutades. 8
Oui, nous eûmes des jours maussades, 8
Ami, vous en souvenez-vous ? 8
25 Il fut une heure plus amère, 8
Quand votre esprit audacieux 8
Vous fit au loin, sous d'autres cieux, 8
Suivre votre haute chimère. 8
Oh ! le train qui siffle et qui part ! 8
30 Peut-on se quitter quand on s'aime ? 8
Quel prix, à cet instant suprême, 8
Prend un mot, un geste, un regard ! 8
Mais, pour ces moments de détresse, 8
Bien d'autres j'en pourrais compter 8
35 Qui sont venus les racheter, 8
Tout remplis d'une exquise ivresse. 8
Ainsi donc, remontant le cours 8
Des quatre dernières années, 8
Je vois des heures fortunées 8
40 S'enlaçant à de sombres jours. 8
Ce que ma mémoire attentive 8
Ne trouve point en ce passé : 8
Ni dans le tourment insensé, 8
Ni dans l'extase fugitive, 8
45 C'est ‒ soit qu'il fût profond et doux, 8
Soit qu'il brûlât comme une flamme ‒ 8
Un sentiment, ô ma chère âme, 8
Qui ne me fût venu par vous. 8
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