SONNETS PHILOSOPHIQUES |
V |
LA SOURCE |
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La source de cristal frémit sous la fougère ; |
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La voici qui murmure et court sur les cailloux. |
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Tout enfants, autrefois, dans sa nappe légère |
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Nous avons en riant miré nos fronts si doux. |
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Aussi n'est-elle point à nos cœurs étrangère ; |
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Nous lui disons tout bas : « Te souviens-tu de nous ? » |
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Quoi ! ne savons-nous pas que l'onde est passagère ? |
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Sans cesse un flot s'enfuit devant un flot jaloux. |
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Par son aspect charmant c'est encor notre source ; |
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Mais, changeante toujours en sa rapide course, |
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Peut-elle être aujourd'hui ce qu'elle fut hier ? |
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Et notre âme, elle aussi, se transforme à tout âge. |
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Qu'est-ce donc après tout que notre Moi si fier ? |
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Rien qu'un vain souvenir dans une frêle image. |
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