Métrique en Ligne
LOZ_3/LOZ348
Albert LOZEAU
Poésies complètes III
LES IMAGES DU PAYS
précédées des
Lauriers et Feuilles d’Érable
1916
LAURIERS ET FEUILLES D'ÉRABLE
1912-1922
IV. LES IMAGES DU PAYS.
L’ORIGINE
Plus de vert bruissant sous les grands cieux brouillés… 12
Dehors, c’est le silence obscur des choses mortes. 12
Malgré nous, et forçant les âmes et les portes, 12
La tristesse s’exhale en hymnes désolés. 12
5 Qu’un petit coin de bleu paraisse, et c’est la joie 12
Qui passe sur le cœur comme un regard aimé ; 12
Que par un peu de gris l’azur soit refermé, 12
Du chagrin vague et lourd l’esprit devient la proie. 12
Ainsi l’homme subit l’influence du ciel ; 12
10 On dirait qu’il y tient comme par une chaîne 12
Qui l’attire là-haut pour l’extase prochaine, 12
Ou le laisse se perdre en bas dans le réel. 12
Toujours il sent en lui sa suprême origine ; 12
Sitôt que dans l’espace il promène les yeux, 12
15 Une voix à l’accent doux et mystérieux 12
L’appelle du seuil d’or de la Maison divine ! 12
Le ciel ! le paradis lointain ! il l’a perdu ! 12
Il n’en a cependant pu dégager son âme : 12
Quoi qu’il fasse, toujours son désir le réclame : 12
20 Il veut y remonter, s’il en est descendu ! 12
Et, sur le cœur de l’homme, à toute heure, s’exerce 12
Le sublime pouvoir du ciel jadis connu, 12
Soit qu’il se montre ainsi qu’un plateau gris et nu, 12
Ou que d’un gai rayon le soleil le traverse. 12
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