Métrique en Ligne
LOZ_3/LOZ318
Albert LOZEAU
Poésies complètes III
LES IMAGES DU PAYS
précédées des
Lauriers et Feuilles d’Érable
1916
LAURIERS ET FEUILLES D'ÉRABLE
1912-1922
IV. LES IMAGES DU PAYS.
PETITE ÉGLISE
Petite église de village 8
Au clocher dressé dans le vent, 8
Que l’on aperçoit si souvent 8
Modeste, dans le paysage ; 8
5 Douce parmi les toits voisins 8
Que ta tendresse maternelle 8
Rassemble, on dirait, sous ton aile, 8
Comme une poule ses poussins ; 8
Humble petite église grise 8
10 Blottie à l’ombre de grands arbres, 8
Belle sans ors, riche sans marbres, 8
Du passé qui t’a faite éprise ; 8
Lorsque j’ai salué tes murs, 8
Ta porte étroite et ta croix sainte, 8
15 J’ai pensé, le cœur plein de crainte, 8
Aux menaces des temps futurs… 8
Songeant à l’homme qui dévaste, 8
J’ai dit à Dieu : « Protégez-la ! 8
« Qu’elle reste comme voilà, 8
20 « Indemne du progrès néfaste ; 8
« Et que jamais, pour « l’embellir », 8
« Le siècle à son charme n’attente, 8
« Qu’il la laisse, moins éclatante, 8
« Dans sa vieille forme vieillir… » 8
***
25 Plus que la basilique neuve, 8
Tu fus construite par l’amour, 8
Et si l’on te changeait un jour, 8
La campagne semblerait veuve. 8
Avec les rustiques maisons 8
30 Ta simplicité s’harmonise ; 8
Tu parais, nécessaire église, 8
Appartenir à l’horizon. 8
Certes, tu n’es pas un miracle 8
D’équilibre sous le ciel bleu, 8
35 Mais comme se plait le bon Dieu 8
Dans ton accueillant tabernacle ! 8
Vieillis longuement dans la paix, 8
Et que ton argentine cloche 8
Répande sur la plaine proche 8
40 Les trois angélus, à jamais !… 8
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