Métrique en Ligne
LOZ_2/LOZ215
Albert LOZEAU
Poésies complètes II
LE MIROIR DES JOURS
1907-1912
1912
LE MIROIR DES JOURS
(1907-1912)
III
L’ÂME ET L’ESPRIT
LÂCHETÉ
Le soleil apparaît ; enfin, la maison luit. 12
Des gouttes d’eau, le long des fils télégraphiques, 12
Glissent l’une après l’autre et reflètent, magiques, 12
Le bleu du ciel où le dernier nuage fuit. 12
5 Mets ton front ténébreux à la vitre mouillée, 12
Emplis de clarté douce et d’infini tes yeux ; 12
Pendant que les rayons se donnent, sois joyeux 12
Et relève ton âme indigne agenouillée ! 12
Cœur lâche, sans orgueil, sans révolte, sans cri, 12
10 Ô cœur indifférent, sans amour et sans haine, 12
Tu seras écrasé dans la mêlée humaine, 12
Cœur d’ombre, cœur de cendre amère, cœur flétri ! 12
Ô cœur pusillanime, ô cœur confus et triste, 12
Cœur de paresse, cœur de froideur, cœur d’ennui, 12
15 Cœur mort comme une étoile éteinte dans la nuit, 12
Vide comme un sépulcre où plus rien ne subsiste ! 12
Cœur de faiblesse, cœur bon à jeter au chien, 12
Cœur morne que le ver du pessimisme ronge, 12
Qui, petit à petit, glisse, descend et plonge 12
20 Dans l’horrible désir du néant, – cœur chrétien ! 12
Tant de bleu dans le ciel, tant de belle lumière 12
Par les vitres baignant les paisibles maisons !… 12
Ô cœur, honte, dégoût, mensonges, trahisons, 12
Et pas un pleur qui monte et tremble à la paupière ! 12
25 Ah ! Seigneur, rendez-moi ma vaillance première ! 12
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