Métrique en Ligne
LOZ_2/LOZ207
Albert LOZEAU
Poésies complètes II
LE MIROIR DES JOURS
1907-1912
1912
LE MIROIR DES JOURS
(1907-1912)
III
L’ÂME ET L’ESPRIT
L’ÂME CACHÉE
Il n’est pas bon de trop se regarder agir 12
Ni de scruter le fond obscur de ses pensées : 12
Que d’œuvres chaque jour par l’esprit commencées 12
Dont l’intime secret force l’âme à rougir ! 12
5 Marche naïvement comme un enfant candide, 12
Sans rechercher toujours la raison de tes pas ; 12
Peut-être que, honteux, tu n’avancerais pas, 12
Connaissant le motif ignoré qui te guide. 12
Rien n’est pur tout à fait dans le cœur des humains ; 12
10 Le mal originel, comme une sombre tache, 12
Aux plus beaux sentiments subtilement s’attache, – 12
Et le poignard est dans la loyauté des mains ! 12
Ne te regarde pas au miroir de ton âme 12
Accomplir doucement ton paisible destin. 12
15 Devant ton acte clair et ton désir certain 12
Le dégoût te prendrait de te savoir infâme ! 12
Vis sans te croire bon, sans te craindre méchant ; 12
Ton amour est pareil à celui qu’on te donne. 12
Par la tienne, sachant la faiblesse, pardonne. 12
20 Ta voix d’ange déchu peut encore être un chant. 12
L’homme est fourbe, orgueilleux, imparfait, misérable ; 12
Sur son fumier, le rêve éclot comme une fleur : 12
Respire son arôme, admire sa couleur, 12
Et rends grâce à jamais au rêve secourable 12
25 S’il te fait oublier quel mal ronge ton cœur ! 12
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