Métrique en Ligne
LOZ_2/LOZ198
Albert LOZEAU
Poésies complètes II
LE MIROIR DES JOURS
1907-1912
1912
LE MIROIR DES JOURS
(1907-1912)
III
L’ÂME ET L’ESPRIT
EN LISANT RONSARD
« Je veux lire en trois jours l’Iliade d’Homère,
« Et pour ce, Corydon, ferme bien l’huis sur moy »…
(Ronsard)
Ce soir, je lis des vers : je n’y suis pour personne. 12
J’ouvre mon vieux Ronsard dont le vers hautain sonne 12
Plus que tous les clochers aux riches carillons, 12
Que les flûtes d’argent et que les violons ! 12
5 Les beaux sonnets d’amour qu’il chanta pour Hélène ! 12
La langue savoureuse et colorée et pleine ! 12
Oh ! le verbe sincère et le cœur inconstant ! 12
Hélène après Cassandre, et Marie, un instant, 12
Puis d’autres,… et toujours la musique est divine ! 12
10 Chaque strophe est éclose en rose purpurine 12
Pour dormir sur un sein de neige, ému d’amour, 12
Et la gerbe tressée en poème, le jour, 12
Est défaite, la nuit, de ses fleurs parfumées 12
Pour être répandue aux pieds des bien-aimées ! 12
15 – Ton vers a capté l’ombre et saisi la clarté, 12
La fraîcheur des forêts, la vie et la beauté ! 12
Il sent le miel, il est plein de claires fontaines, 12
De vignes, de lait pur, d’agneaux aux blanches laines ! 12
Ô Ronsard, vieux païen né trop tard, quand les dieux 12
20 Depuis longtemps étaient dépossédés des cieux, 12
Épris des corps sans tache, amant des belles lignes 12
Où la grâce s’allie à la blancheur des cygnes, 12
Vois : ta gloire est vivace et croît comme un grand lys ! 12
À sa robe les temps ne feront pas de plis 12
25 Comme à la rose que ta voix a consacrée, 12
Qui se fane éternellement à la vesprée ! 12
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