Métrique en Ligne
LOZ_2/LOZ162
Albert LOZEAU
Poésies complètes II
LE MIROIR DES JOURS
1907-1912
1912
LE MIROIR DES JOURS
(1907-1912)
II
LE CŒUR ET LES LÈVRES
MAUVAISE SOLITUDE
Ô poète songeur, si triste de toi-même, 12
Qui pourrait te guérir et qui pourrait t’aimer ? 12
Tu portes à ton front l’ombre amère et suprême 12
D’une âme que l’ennui va bientôt consumer. 12
5 La solitude grave à ton cœur est mauvaise : 12
Le pire compagnon de toi-même, c’est toi ! 12
Ô le regard aimé qui doucement apaise, 12
Quand viendra-t-il poser sa caresse sur moi ? 12
L’heure m’est un tourment cruel, et tous les livres 12
10 Ne pourraient endormir ce mal fort et subtil. 12
Afin qu’heureusement, un jour, tu t’en délivres, 12
Et pour jamais, ô cœur blessé, que te faut-il ? 12
C’est la chanson consolatrice des paroles, 12
Et l’émotion tendre affaiblissant la voix, 12
15 Qui dissipent le doute et les angoisses folles ; 12
Et le baiser rêvé qui descend vers les doigts… 12
C’est l’amour qui s’empare, enfin, de la pensée, 12
L’occupe tout entière et la dirige au loin 12
Vers celle-là qui dans la détresse est passée, 12
20 Sœur dont l’âme éprouvait l’impérieux besoin… 12
Comme je te redoute, affreuse solitude ! 12
Sans espoir, je ne sais rien que me torturer ; 12
Et je ne puis garder cette fière attitude 12
De sourire toujours quand je souffre à pleurer ! 12
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