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LOZ_2/LOZ132
Albert LOZEAU
Poésies complètes II
LE MIROIR DES JOURS
1907-1912
1912
LE MIROIR DES JOURS
(1907-1912)
I
LA VILLE ET LES BOIS
À L’AVENTURE
Déjà des feuilles qui jaunissent ! 8
C’est l’automne avançant un peu 8
Avec les nuages qui glissent 8
Dans l’immensité du ciel bleu. 8
5 L’air est tiède, le vent tranquille, 8
Et l’on dirait qu’un grand repos 8
Enveloppe soudain la ville 8
Pour préparer des temps nouveaux. 8
Je n’entends plus mes hirondelles 8
10 À l’harmonieux gazouillis : 8
Peut-être, ce matin, sont-elles 8
En route pour de chauds pays… 8
Qu’elles y rencontrent bon gîte, 8
Insectes à leurs appétits, 8
15 Et qu’elles reviennent bien vite 8
Recommencer d’autres petits ! 8
Autour de leurs maisons désertes 8
L’hiver glacial soufflera ; 8
Sur les frêles toitures vertes, 8
20 Des jours entiers il neigera. 8
Puis, avril ramènera l’heure 8
Accueillante du gai retour, 8
Et la familière demeure 8
Reconnaîtra leurs chants d’amour ! 8
25 Mais les fleurs sont belles encore ; 8
Les troupeaux broutent dans les champs, 8
Et la campagne se décore 8
De paysages attachants. 8
Partons ! Le lointain nous appelle ! 8
30 Allons regarder pour l’aimer 8
La bonne terre maternelle : 8
Va, mon cœur, va t’en embaumer ! 8
Que de longues routes ombreuses, 8
Épousant les courbes de l’eau, 8
35 Offrent les surprises heureuses 8
D’un même objet toujours nouveau ! 8
Septembre est propice au voyage ; 8
L’air est si doux, si beau le bois, 8
Si charmeur le petit village 8
40 Quand il semble encor d’autrefois ! 8
Dans les chemins grattent les poules, 8
Ayant pour chef de file un coq 8
Apte à la conduite des foules, 8
Le port fier, et l’ergot en croc ! 8
45 Et devant la demeure ancienne, 8
On aperçoit de vieilles gens 8
Qui tricotent des bas de laine 8
De leurs doigts encor diligents. 8
Antiques foyers, maisons chères, 8
50 Les seules où vivent vraiment 8
Les traditions séculaires ! 8
Chacune est comme un monument. 8
La voiture file ; on respire 8
L’odeur du fleuve à pleins poumons ; 8
55 On s’extasie, et l’on admire 8
Le profil gracieux des monts… 8
Voici l’ombre qui se propage ; 8
Mon plaisir exquis va finir : 8
L’inconvénient du voyage, 8
60 C’est qu’il faut toujours revenir ! 8
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