Métrique en Ligne
LOZ_2/LOZ129
Albert LOZEAU
Poésies complètes II
LE MIROIR DES JOURS
1907-1912
1912
LE MIROIR DES JOURS
(1907-1912)
I
LA VILLE ET LES BOIS
APRÈS-MIDI
La splendeur du soleil violente les yeux. 12
Les arbres ont une ombre oblique à côté d’eux. 12
On entend la rumeur sonore et continue 12
Que font les chariots lourds sur la pierre nue. 12
5 La lumière aveuglante emplit le firmament, 12
Et les persiennes sont closes soigneusement. 12
Les oiseaux sont perchés dans la fraîcheur des branches 12
Et regardent passer, lentes, des robes blanches. 12
Par instants, l’on dirait que tout fond au soleil, 12
10 Ou que la rue entière est livrée au sommeil, 12
Tant la tranquillité s’épand, morne et profonde, 12
Et semble propager sa torpeur sur le monde. 12
Mais ce silence est encore de sons formé : 12
Le calme d’une ville est fait de bruit calmé, 12
15 Et même quand la nuit sur elle étend ses voiles, 12
Il semble qu’un frisson descende des étoiles ! 12
L’après-midi doré s’écoule avec lenteur, 12
Épuisé d’éblouissement et de chaleur, 12
Et, petit à petit, agonise et recule 12
20 Devant l’avènement rose du crépuscule… 12
logo du CRISCO logo de l'université