LE MIROIR DES JOURS |
(1907-1912) |
I |
LA VILLE ET LES BOIS |
DORMEZ |
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Dormez. Dans l’ombre vaste où rode le vent frais, |
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Le feuillage murmure en un bruit de marée ; |
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L’espace est plein de lune et la nuit est sacrée. |
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Dormez comme ceux-là qui dorment pour jamais ! |
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Vous appeliez l’oubli : voici l’heure propice ; |
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La grande paix descend pour habiter en vous. |
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Dormez suavement, comme les enfants doux |
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Qui sourient quand la nuit sur leurs fronts pâles glisse. |
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Dormez, vous que la vie affreuse a tourmentés, |
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Ou que le sort fatigue infiniment et blesse ; |
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Ah ! laissez s’assoupir enfin votre faiblesse |
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Et reposer un peu vos esprits agités ! |
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Dormez ; la nuit est bonne, ô mortels misérables ! |
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Dormez ; l’aube viendra vous éveiller trop tôt ! |
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Trop tôt, vous reprendrez la plume ou le marteau, |
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Et sous l’aiguillon d’or des rayons implacables |
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Vous maudirez l’azur ardent du jour si beau ! |
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