Métrique en Ligne
LOZ_2/LOZ112
Albert LOZEAU
Poésies complètes II
LE MIROIR DES JOURS
1907-1912
1912
LE MIROIR DES JOURS
(1907-1912)
I
LA VILLE ET LES BOIS
LE DIMANCHE(1)
C’est dimanche, et voyez !
Dans la prairie en fleurs
Butine activement l’abeille diligente ! 12
L’incrédule ruisseau dont le flot bleu s’argente 12
Abreuve encore l’herbe et les merles siffleurs ! 12
5 Insatiable, au ciel tiède et pur, l’hirondelle, 12
Dédaigneuse de Dieu, poursuit les moucherons ! 12
Et les arbres, berçant au vent leurs larges fronts, 12
Continuent d’enrichir leur frondaison nouvelle ! 12
Les oiseaux – ces païens gentils – tressent leurs nid 12
10 Et pondent sans repos de petits œufs fragiles ! 12
Et les brises de mai qui passent sur les villes 12
Ont des frémissements de fraîcheur impunis ! 12
C’est dimanche. Au pignon la girouette tourne 12
Comme un jour de semaine ordinaire, et l’on voit 12
15 À la fontaine un chien libre-penseur qui boit ! 12
Et des hommes méchants font du pain, qu’on enfourne ! 12
L’eau coule, l’herbe pousse, et la sève au tronc vieux 12
Monte, et l’amour, dans l’ombre, ainsi qu’hier, tressaille ! 12
L’horloge va son train et la terre travaille ! 12
C’est dimanche, et la fleur fleurit !
20 – C’est scandaleux !
(1)  Pièce de circonstance qui date des jours où l’on voulut nous imposer une loi d’une rigueur anormale et qui, dans la pensée de l’auteur, profondément religieux, était d’abord une protestation contre le pharisaïsme qui s’affichait alors. – Les Édit.
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