Métrique en Ligne
LOZ_1/LOZ2
Albert LOZEAU
Poésies complètes I
L'ÂME SOLITAIRE
1902-1907
1907
I
LES HEURES D’AMOUR
LE DESIR ― LE REGRET
I
LE DÉSIR
L’ATTENTE
Mon cœur est maintenant ouvert comme une porte. 12
Il vous attend, ma Bien-Aimée : y viendrez-vous ? 12
Que vous veniez demain ou plus tard, que m’importe ! 12
Le jour, lointain ou proche, en sera-t-il moins doux ? 12
5 Ce n’est point un vain mal que celui de l’attente ; 12
Il conserve nouveau le plus ancien désir. 12
L’inattendu bonheur dont la venue enchante 12
Passe ; à peine en a-t-on su goûter le plaisir, 12
Et l’on s’en va criant l’inanité des choses, 12
10 Pour ne s’être jamais aux choses préparé : 12
Insensé, qui repousse un frais bouquet de roses, 12
Accusant le parfum qu’il n’a pas respiré. 12
Une heure seulement de pure jouissance, 12
Pourvu que Dieu m’accorde un quart de siècle entier 12
15 De rêve intérieur et de jeune espérance, 12
Pour méditer sur elle et pour l’étudier, 12
Pour ordonner l’instant supreme qui décide, 12
Pour que rien ne se perde et que tout soit joui 12
Jusqu’à la moindre miette, et que le temps rapide 12
20 S’envole, n’emportant que de l’évanoui ! 12
Une heure suffira. J’aurai vécu ma vie 12
Aussi pleine qu’un fleuve au large de son cours, 12
L’ayant d’une heure, mieux que de jours fous, emplie ; 12
D’une heure, essence et fruit substantiel des jours ! 12
25 Mon cœur est maintenant ouvert comme une porte. 12
Il vous attend, ma Bien-Aimée : y viendrez-vous ? 12
Que vous veniez demain ou plus tard, il n’importe ! 12
Mon attente d’amour fera de telle sorte 12
Que mon lointain bonheur en deviendra plus doux. 12
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