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Charles LOYSON
LE BONHEUR DE L'ÉTUDE :
discours en vers et autres poésies
1817
ODES
ODE II
LES GOUTS DU POÈTE
CELUI qui dès sa naissance 7
Fut soumis à la puissance 7
Du Dieu du sacré vallon ; 7
Des combats fuyant-la gloire, 7
5 Aux fastes de la victoire, 7
N'ira point graver son nom. 7
A la voix de la Fortune, 7
Il n'ira point de Neptune 7
Tenter les gouffres mouvans, 7
10 Ni, sur la foi des étoiles, 7
Livrer d'intrépides voiles 7
A l'inconstance des vents. 7
Pour des grandeurs mensongères, 7
Des honneurs imaginaires, 7
15 On ne le verra jamais, 7
Chargé d'indignes entraves 7
Grossir un troupeau d'esclaves 7
A la porte des palais. 7
Mais si d'un champêtre asile, 7
20 Loin du bruit et de la ville 7
Les dieux l'ont fait possesseur, 7
Des vers, des eaux, un bocage, 7
Et le sommeil sous l'ombrage 7
Suffiront à son bonheur. 7
25 Oh ! dans quelle paix profonde, 7
Il vit séparé du monde, 7
Loin du joug des faux besoins, 7
Aux Muses, sa douce étude, 7
Livré dans la solitude 7
30 Sans partage et sans témoins ! 7
Noble amant de la Nature, 7
Son cœur s'élève et s'épure 7
Par ses méditations ; 7
Et, libre de soin profane, 7
35 Toujours sa chaste cabane 7
Est fermée aux passions. 7
Ainsi coulent mes journées, 7
Tant qu'enfin par les années 7
Je sois doucement vaincu ! 7
40 C'est ainsi qu'à tous les âges 7
Il est agréable aux sages 7
De vivre ou d'avoir vécu. 7
Ainsi mon âme ravie 7
Pourra partout sur la vie 7
45 Porter un œil complaisant. 7
Derrière moi l'innocence, 7
Dans l'avenir l'espérance, 7
Le bonheur dans le présent. 7
O ma Muse, ô ma déesse, 7
50 J'implore pour ma jeunesse, 7
Dans un réduit écarté, 7
Un bosquet, une fontaine,, 7
Un corps ferme, une âme saine, 7
Un luth et la liberté. 7
55 Et quand l'injure de l'âge 7
Viendra rider mon visage, 7
Flétrir et glacer mes sens ; 7
Que de ta lyre brillante, 7
Ma main faible et défaillante 7
60 Tire encor quelques accens. 7
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