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Charles LOYSON
LE BONHEUR DE L'ÉTUDE :
discours en vers et autres poésies
1817
POÉSIES DIVERSES
VERS PRÉSENTÉS A M. DUCIS,
AU 1er. JANVIER 1816
Après avoir fourni sa carrière ordonnée, 12
Janus reparaît parmi nous, 8
Et nous vieillit d'un an pour rajeunir l'année. 12
Ainsi vole le tems, Ducis ; du tems jaloux 12
5 Ainsi la fuite irrévocable 8
Aux gouffres du passé précipite nos jours. 12
Mais ce vieillard inexorable 8
Pour toi seul de ses lois interrompt-il le cours ? 12
En vain de nouveaux ans sur ton front vénérable 12
10 A tes lustres nombreux viennent se réunir ; 12
Plus fort de jour en jour, plus joyeux, plus aimable, 12
Tu tiens de quelque dieu le secret admirable 12
De beaucoup vivre sans vieillir. 8
Oui, Saturne l'épargne : en sa fuite légère 12
15 S'il t'effleure en passant, c'est pour te rajeunir, 12
Et, prolongeant sans fin ton heureuse carrière, 12
Il ajoute au passé sans prendre à l'avenir. 12
Eh ! que te fait, dis-moi, sa course fugitive ? 12
As-tu l'esprit moins sain, ou l'âme moins active, 12
20 Le goût moins exquis et moins sûr, 8
L'imagination moins brillante et moins vive ? 12
Ne sens-tu plus brûler ce feu sublime et pur 12
Dont la Muse a jadis de ton mâle génie 12
Allumé les divins transports ? 8
25 Non, rien n'annonce en toi le déclin de la vie : 12
L'âge n'a point glacé ni fait plier ton corps. 12
Lorsque de tes savantes veilles 8
Tu viens nous confier les fruits encor naissans, 12
Plein d'ardeur en lisant ces récentes merveilles, 12
30 Par la vigueur de ses accens 8
Ta voix ferme et sonore étonne nos oreilles. 12
Ton pas est toujours sûr, ton front toujours vermeil. 12
Depuis peu,je le sais, ta paupière affaiblie 12
S'ouvre avec plus de peine aux clartés du soleil ; 12
35 Mais le chantre de l'Ionie, 8
Homère, jeune encor, eut un destin pareil. 12
Ducis, puissent tes jours ainsi couler sans cesse ! 12
Ducis, puissent ainsi la force, la santé, 12
Et leur aimable sœur, la riante gaîté, 12
40 Éterniser le cours de ta mâle vieillesse 12
Tout le promet. Pour toi dans son vol arrêté, 12
Lorsque le tems jaloux t'épargne ses outrages, 12
N'est-ce pas t'annoncer ton immortalité, 12
Et te traiter toi-même ainsi que tes ouvrages ? 12
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