Métrique en Ligne
LOR_4/LOR229
Jean LORRAIN
LES GRISERIES
1887
EMBARQUEMENT
POUR MONSIEUR EDMOND DE GONCOURT
Adieu, bergères, adieu, Gilles ! 8
Voici les voiles de satin 8
De la barque aux agrès fragiles, 8
Qui va vous conduire au lointain 8
5 Et bleu pays des cœurs futiles. 8
Là-bas dans la brume empourprée, 8
Parmi les falbalas du ciel, 8
L'île adorable et désirée 8
Vous attend, chercheurs d'irréel, 8
10 O troupe amoureuse et parée ! 8
Pour la rougissante Cythère, 8
Dans l'or incandescent du soir, 8
Vous quittez sans regret la terre, 8
Pour l'île errante du Mystère 8
15 Et le doux pays de l'Espoir. 8
« Malheur à celui qui s'exile, 8
Dit un maussade et vieux refrain ; 8
« En Sardaigne comme en Sicile 8
« Il retrouvera son chagrin ; 8
20 « L'éviter est peine inutile. » 8
Mais quand Amour est du voyage, 8
On rit à ces oracles-là ! 8
Le crépuscule est sans nuage 8
Et Gille avec Pulcinella 8
25 Met en musique le présage. 8
Four le bleu pays des chimères 8
Au son des violes d'amour 8
Embarquez-vous, bergers, bergères ; 8
Si vous devez pleurer un jour, 8
30 Que les larmes vous soient légères. 8
Bonsoir, Arlequins, adieu, Gilles ! 8
Surtout emmenez Mezzetin. 8
Peut-être un soir ses doigts agiles 8
Distrairont-ils votre destin 8
35 Dans la plus lointaine des îles. 8
logo du CRISCO logo de l'université