Métrique en Ligne
LOR_4/LOR218
Jean LORRAIN
LES GRISERIES
1887
LES BOULINGRINS
POUR MADAME JULIA DAUDET
Dans la ronce et dans l'herbe humide 8
De l'ancien parc à l'abandon 8
Songe, étrange cariatide, 8
Un morne et lépreux Cupidon. 8
5 Soulevant entre ses mains vides 8
Un vieux cadran solaire absent, 8
Dieu du passé, ses vœux avides 8
implorent en vain le présent. 8
Le cadran, qu'effleuraient les heures, 8
10 Dans la folle avoine est tombé 8
Et, pareil aux vieilles demeures, 8
Un lierre aux yeux l'a dérobé. 8
Avec un bruit d'eau monotone 8
Là-bas, au fond des boulingrins 8
15 Une fine averse d'automne 8
Mouille et détrempe les terrains 8
Resté, lui, fidèle à sa pose, 8
L'Éros, ailé comme jadis, 8
Dans un geste d'apothéose 8
20 Tend vers le ciel deux bras verdis. 8
Au loin l'interminable allée, 8
Mourante au bord d'un saut de loups, 8
Laisse apparaître désolée, 8
Une plaine où pomment des choux, 8
25 Et sur son socle, qui s'écaille, 8
Le dieu mythologique et fier, 8
— Des siècles juste représaille — 8
A ce plant de choux pour enfer. 8
Avec un bruit d'eau monotone. 8
30 Là-bas, au fond des boulingrins, 8
Une fine averse d'automne 8
Mouille et détrempe les terrains. 8
logo du CRISCO logo de l'université