Métrique en Ligne
LOR_4/LOR211
Jean LORRAIN
LES GRISERIES
1887
L'ARRIVÉE
POUR M. EDMOND DE GONCOURT
Holà oh ! La porte est fermée ! 8
Ouvrez. Aux grilles des vieux parcs 8
Grelotte une troupe enrhumée 8
D'Amours, de pied en cap armée 8
5 De carquois neufs et de grands arcs. 8
Je les ramène d'Italie 8
Où, d'un plafond de Tipolo 8
Échappés un soir de folie, 8
Ils pleuraient la mélancolie 8
10 Du carnaval tombé dans l'eau. 8
Ils viennent dans l'ancien Versailles, 8
Jadis enchanté par Lulli, 8
Demander asile aux Rocailles 8
Ou sinon au parc en broussailles, 8
15 Et tout en ronces de Marly ! 8
Quoique romains et catholiques, 8
Rien ne peut les effaroucher ; 8
Et dans vos grands jardins auliques 8
Ils vous diront des bucoliques 8
20 Dignes des amours de Boucher. 8
Pétillants d'une adresse exquise, 8
Caressants, prompts et dérobés, 8
Dans l'art d'ôter à Cydalise, 8
Qui tremble et dit non, sa chemise 8
25 Ils ont des malices d'abbés. 8
Mes Cupidons en sentinelles 8
Sont là. Maintenant, Chateauroux, 8
Dubarry, Romans, Mailly-Nesles 8
Aux bleus éclairs de vos prunelles 8
30 Mettez Louis Quinze à genoux ; 8
Voici des carquois et des flèches. 8
Offrez aux traits des arcs vainqueurs 8
La nacre vivante et les pêches 8
De vos seins nus et dans les mèches 8
35 De vos nuques roulez les cœurs. 8
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