Métrique en Ligne
LOR_2/LOR121
Jean LORRAIN
LA FORÊT BLEUE
1883
LA FORÊT BLEUE
SONNETS MORNES
UMBRA
AMOR
A CHARLES BAUDELAIRE
C'était par un ciel tiède et morne, h l'horizon 12
De vastes champs de blé mettaient un trait d'or jaune ; 12
Amor, enfant précoce aux yeux, cruels de faune, 12
M'apparut les bras nus, armé pour la moisson. 12
5 Appuyé sur sa faux limpide au bleu frisson 12
D'acier, il souriait au pied moussu d'un aulne, 12
Et, méprisant de loin la rouge et calme zône 12
Des épis murmurant leur ardente chanson, 12
« Viens, dit-il, je t'emmène, » et là, parmi les fanges 12
10 D'un cloaque étoilé de larges floraisons, 12
Fleurs des rêves maudits et des désirs étranges, 12
Le Faucheur m'a dit : « Prends et mange », et sans soupçons 12
Dans les marais d'Amor, hanté des mauvais anges, 12
J'ai cueilli les lys noirs et j'ai bu les poisons. 12
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